« Celui qui sauve un homme, sauve l’Humanité »
La France rurale, urbaine, rencontre une situation inédite : l’arrivée sur son territoire de milliers de mineurs non accompagnés (M.N.A.) que l’on nommait hier encore des mineurs isolés étrangers (M.I.E.). En 2010, ils étaient 4 000 à être pris en charge par l’ASE en France et seront vraisemblablement 18 000 à 20 000 fin 2017. Ils sont Guinéens, Ivoiriens, Algériens, Albanais, etc. et très majoritairement de sexe masculin, à la recherche d’un avenir et en attente d’un devenir.
Leur âge ?
Après évaluation, environ 50 % d’entre eux sont déclarés réellement mineurs. Ils sont juridiquement des enfants.
Leurs droits ?
La France a ratifié la Convention Internationale des Droits de l’Enfant en novembre 1989. Ainsi, leurs droits sont ceux de tout mineur vivant sur le territoire français. Ni plus, ni moins ! Il incombe donc à la France, comme à tous les États membres de l’Union Européenne, d’accueillir ces jeunes, de les protéger et de les prendre en charge inconditionnellement.
Leurs besoins ?
Être logé, soigné, tant physiquement que psychiquement, mis en sécurité, être acccompagné dans l’apprentissage du français et pour s’insérer dans la société – pour ceux qui pourraient rester en France. Notre travail doit être pensé pour répondre à leurs besoins spécifiques, prenant en compte leur histoire de vie traumatique. De plus, il faut avoir à l’esprit que ces enfants vont grandir et deviendront bientôt des 18-25 ans pour lesquels l’essentiel restera encore à faire, pour une insertion sociale et professionnelle réussie.
Or, à ce jour, tous les acteurs de la protection de l’enfance témoignent de leur impossibilité à répondre, dans les dispositifs existants, à un tel afflux. Il est donc urgent de créer, inventer des solutions d’accompagnement respectueuses de leurs droits et besoins, qui s’intégreront dans le champ de la protection de l’Enfance.
Le Prado, les associations concourant aux mêmes missions, et les collectivités territoriales, s’y attèlent depuis plusieurs mois et peinent à trouver des solutions. Outre les difficultés récurrentes de disposer de bâtiments, la question des moyens financiers n’est pas résolue.
Car nous devons disposer de moyens adaptés pour aider ces populations.
La charge financière est légalement supportée par les Conseils Départementaux ou la Métropole de Lyon en Région Auvergne-Rhône-Alpes. Est-ce vraiment la bonne échelle de mesure de ce phénomène mondial ? Quelle est la réponse proposée par l’État français à ce problème public ?
Les fédérations CNAPE, FAS, UNIOPSS ont interpellé les pouvoirs publics pour qu’une politique nationale d’envergure soit décrétée et financée. La cinquième puissance économique mondiale devrait pouvoir y survivre.
N’attendons pas l’hiver !
Une chose est sûre, nous sommes toujours comptables de nos actes ou non-actes vis-à-vis des générations futures. Ne laissons pas passer cette chance d’accompagner des enfants isolés, migrants, vers un devenir d’adulte autonome.
Lionel BELKHIRAT
Directeur Général du Prado